Symphonie en ut dièse mineur de Sohy

« Grande Guerre »

Symphonie en ut dièse mineur
op. 10
« Grande Guerre »
Genre Symphonie
Nb. de mouvements 3
Musique Charlotte Sohy
Effectif Orchestre symphonique
Durée approximative 28 minutes
Dates de composition 1914-1917
Création
Besançon
Interprètes Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté, Debora Waldman (dir.)
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La Symphonie en ut dièse mineur, op. 10, dite « Grande Guerre », est une symphonie de Charlotte Sohy composée durant la Première Guerre mondiale.

Composition

Commencée à l'automne 1914, la Symphonie de Charlotte Sohy est achevée en 1917[1],[2].

La mort tragique en d'Albéric Magnard, ami du couple Marcel Labey-Charlotte Sohy, est peut-être à l'origine de sa conception[1]. La symphonie de Sohy adopte d'ailleurs la même tonalité — peu usitée — d'ut dièse mineur que la Symphonie no 4 de Magnard[3].

En outre, Labey est mobilisé durant le conflit : le premier mouvement est ainsi esquissé lorsqu'il part à Verdun au front, le deuxième est marqué par l'annonce de sa mort, avant que Sohy n'apprenne finalement qu'il a été retrouvé vivant, une semaine après. Ainsi, si l'appellation de Symphonie « Grande Guerre » n'est pas de la main de la compositrice, et si l’œuvre n'a pas de réel caractère programmatique ou descriptif, elle traduit néanmoins parfaitement le climat qui préside à son écriture[1],[3],[4].

Conçue pour le piano, elle est orchestrée en 1917 par Charlotte Sohy[3],[4], et déposée à la Sacem en 1923[5],[6].

Création

La Symphonie en ut dièse mineur n'est pas jouée du vivant de la compositrice[7]. Elle est créée à Besançon le , plus d'un siècle après sa composition, par l'Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté dirigé par Debora Waldman[8],[9].

À partir de la redécouverte de la partition, deux ans de travail ont été nécessaires à Debora Waldman, François-Marie Drieux, violon solo invité de l'orchestre, et François-Henri Labey, petit-fils de Charlotte Sohy, pour réviser le matériel d'orchestre[7],[4]. La journaliste Pauline Sommelet et Debora Waldman relatent cette aventure dans La Symphonie oubliée, un ouvrage publié en par les éditions Robert Laffont[10],[11].

Structure

La symphonie, d'une durée d'exécution d'environ vingt-huit minutes[2], est constituée de trois mouvements[3],[1] :

  1. Lent. Vif
  2. Vif. Lent. Vif
  3. Vif

Orchestration

L’œuvre est instrumentée pour orchestre symphonique[2],[6] :

Instrumentation de la Symphonie « Grande Guerre »
Bois
2 flûtes (dont 1 jouant piccolo), 3 hautbois (dont 1 jouant cor anglais),
3 clarinettes (dont 1 jouant clarinette basse), 2 bassons
Cuivres
4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba
Percussions
timbales
Claviers / cordes pincées
harpe
Cordes
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses

Analyse

L’œuvre, d'esthétique postromantique[1], s'inscrit dans la veine des compositions cycliques de César Franck et notamment de sa Symphonie en ré[3].

Le premier mouvement, « sombre, lyrique et tourmenté »[4], est terminé le [4]. Au mois d'avril suivant, Charlotte Sohy est informée par dépêche de la mort au front de son mari, Marcel Labey. Une semaine après, elle apprend finalement qu'il est certes blessé mais bien vivant. Elle s'attelle alors à l'écriture du deuxième mouvement, un scherzo bucolique et espiègle, d'humeur « plutôt radieuse »[4], mais entrecoupé d'un trio à l'atmosphère sombre[1]. Le mouvement est achevé le [4]. Le final, qui synthétise l'ensemble de l’œuvre[1], est composé ultérieurement, en 1917[4], et présente un caractère « grandiose et affirmé »[5]. Il s'achève sur un dernier accord « glaçant »[12].

Dans l'ensemble, la Symphonie en ut dièse mineur, qui navigue entre « angoisse diffuse et [...] espoirs esquissés[1] », est à la fois « riche et complète[5] », « caractérisée par des harmonies audacieuses » et une « remarquable cohérence formelle[12] ».

Bibliographie

Discographie

Notes et références

  1. a b c d e f g et h « Symphonie en ut dièse mineur op. 10 (Charlotte Durey-Sohy) », sur Bru Zane Media Base (consulté le )
  2. a b et c Paraïso 2021, p. 6.
  3. a b c d et e Alain Cochard, « Debora Waldman dirige la création mondiale de la "Symphonie de guerre" (1917) de Charlotte Sohy – Ainsi soient-elles – Compte-rendu », sur Concertclassic,
  4. a b c d e f g et h Szymczak 2021, p. 17.
  5. a b et c Morgane Baghlali-Serres, « "Grande guerre", le trésor exhumé de Charlotte Sohy »,
  6. a et b Szymczak 2021, p. 16.
  7. a et b Présence Compositrices, 2021.
  8. Aliette de Laleu, « La symphonie de Charlotte Sohy jouée pour la première fois, un siècle après sa composition », sur francemusique.fr,
  9. Stéphane Capron, « Sa symphonie n'a jamais été jouée de son vivant : Charlotte Sohy, la compositrice ressuscitée », sur www.franceinter.fr,
  10. Pauline Sommelet, Debora Waldman, 2021.
  11. France Musique, 2021.
  12. a et b Apolline Gouzi, « Symphonie pour une résurrection : Charlotte Sohy sort de l'oubli », sur bachtrack.com,
  13. Charles Sigel, « Compositrices : une anthologie en 8 CD par le Palazzetto Bru Zane », sur forumopera.com,
  14. Noémie Bruère, « Lumière sur les compositrices romantiques françaises - 2/8 », sur Composher,

Liens externes

  • Laure Dautriche, « La symphonie oubliée de Charlotte Sohy : l'œuvre recommandée par Laure Dautriche » [audio], sur Europe 1, .
  • Jean-Baptiste Urbain, « La Symphonie oubliée, un livre qui réhabilite la mémoire de la compositrice Charlotte Sohy », sur France Musique, .
  • Camille Villanove, « Charlotte Sohy, renaissance d’une compositrice : entretien avec son petit-fils François-Henri Labey », sur Présence Compositrices, .
  • « Femmes de Légende ! Concert final du 8e Festival Palazzetto Bru Zane : Charlotte Sohy (1887-1955) : Symphonie en do dièse mineur, op. 10 « Grande Guerre », Orchestre national de France, direction Debora Waldman (écouter en ligne à h 16) », sur francemusique.fr, Auditorium de Radio France,

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