Question agraire à Rome

La question agraire est un problème fondamental qui a perturbé la République romaine pendant toute sa durée et fut l'une des causes de son déclin. Les lois agraires avaient pour objet un meilleur partage des terres en faveur des citoyens pauvres.

Pour Machiavel, les négociations sur le partage des terres entre la plèbe et le Sénat romain sont une des causes de la décadence de Rome[1].

Cicéron disait que « ceux qui veulent s'attirer les faveurs populaires et qui, pour cette raison, soulèvent les problèmes agraires [...] ruinent les fondements de l'État. » Seulement deux réformes aboutiront.[réf. nécessaire]

Liste des lois

Tout au long de la République, un certain nombre de lois agraires ont été proposées. On les nomme du nom de leurs auteurs :

  • Lex Cassia, 486 av. J.-C. (proposée par Spurius Cassius Viscellinus)
  • Lex Licinia, 374 av. J.-C. (proposée par Caius Licinius Stolon)
  • Lex Flaminia, 232 av. J.-C.
  • Lex Sempronia, 133 av. J.-C. (proposée par Tiberius Sempronius Gracchus)
  • Lex Appuleia, 103 et 100 av. J.-C., proposées par Lucius Appuleius Saturninus
  • Lex Servilia, 63 av. J.-C. (proposée par Servilius Rullus et combattue par Cicéron)
  • Lex Flavia, 60 av. J.-C. (proposée par le tribun de la plèbe Lucius Flavius et appuyée par Cicéron)
  • Lex Julia, 59 av. J.-C. (proposée par Jules César)

Tiberius Gracchus et Jules César sont les seuls à avoir réussi à faire adopter des lois agraires[réf. nécessaire].

Raison des réformes

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Question ou crise ?

Il est difficile d'évoquer la notion de crise car une crise ne dure pas aussi longtemps. On peut faire remonter ce problème au début du Ve siècle av. J.-C., soit au début de la République, et l'étendre jusqu'à la réforme des Gracques durant le dernier siècle de la République.

La question n'est pas un problème lié à l'agriculture, à la production ou à la commercialisation, mais à l'appropriation de la terre.

L'appropriation de la terre

Sous la République romaine, il existe plusieurs modes de mise en valeur des terres : le faire-valoir direct, où le propriétaire exploite lui-même sa propre terre, le métayage ou le fermage, où l'exploitant loue la terre contre une redevance, un vectigal, ou encore le grand domaine géré par un vilicus et exploité par du personnel servile nombreux.

De même, il y a juridiquement plusieurs formes de propriété.

  • la propriété pleine et entière, la proprietas, le propriétaire possédant la terre et le fruit de celle-ci ;
  • la possesio, le propriétaire ne possédant pas la terre, qui appartient à l'État, mais ayant la jouissance de son exploitation.

Le problème de la guerre

Les campagnes militaires, notamment celle des guerres puniques, ont considérablement modifié le paysage social de Rome. Les citoyens mobilisés effectuaient plusieurs campagnes les unes après les autres sans rentrer chez eux.

Au terme d'un service militaire long, où il a appris à acquérir des richesses très rapidement grâce au butin, le citoyen-soldat retrouve sa terre souvent en friche, même si on sait que les femmes n'avaient pas peur de manier l'araire ; il peut même se retrouver endetté à cause de mauvaises récoltes.

De grands propriétaires possédant des terres voisines proposent donc de racheter leur terre contre une somme d'argent, ce qui intéresse bon nombre de petits propriétaires. Ce sont aussi parfois des voisins, plus puissants, qui occupent ces terres, les accaparant et refusant de les rendre une fois le citoyen rentré.

Vers une concentration des terres

Ces grands propriétaires se sont peu à peu approprié de vastes domaines. Ces terres proviennent de petits exploitants qui, à cause des guerres, de la pression économique ou de la pression morale de la part d'exploitants influents, vendent leurs terres et partent pour la ville. Elles peuvent provenir également de terres non cadastrées côtoyant les terres du convoitant qui étaient en friche ou qui servaient de pâtures communales.

Ces grands domaines dépassent la limite autorisée par la loi et les occupants de ces terres se considèrent peu à peu ainsi propriétaires de plein droit alors qu'ils possèdent des terres d'ager publicus. Ils cessent peu à peu de payer la redevance.

Conséquences de cette concentration

Quantité de citoyens se retrouvent dépossédés et ruinés et émigrent vers les villes comme Rome où ils viennent augmenter le nombre de proletarii.

Cela entraîne de nombreux problèmes. Sur le plan social, c'est l'accroissement des citoyens pauvres que Rome n'arrive pas à assimiler et l'image qu'ils véhiculent dans une Rome où transite tant de richesse. Sur le plan économique, c'est le double mouvement évoqué par Claude Nicolet, avec, d'un côté, des paysans sans terre et, de l'autre, des terres sans paysans. Sur le plan militaire, cela réduit les effectifs militaires car le citoyen pauvre n'est pas mobilisable.

En -136, le recensement met en évidence une perte de 10 000 citoyens par rapport à -141. Le problème est réel mais quasiment tous ceux qui ont tenté d'y remédier ont échoué.

Tite-Live écrivait :

« Ainsi fut promulguée la première loi agraire : plus jamais jusqu'à nos jours, la question agraire ne fut soulevée sans entraîner de graves troubles.[réf. nécessaire] »

Notes et références

  1. Nicholas Machiavel, « Discours sur la première décade de Tite-Live », Chap XVI, Le partage des terres, sur classiques.uquac.ca, 1531 consulté le=11 novembre 2020.
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Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Recueil de lois romaines
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