Carnet de la Patrie

Un carnet de la Patrie

Le carnet de la Patrie a été mis en place au Venezuela par le président Nicolás Maduro le 20 janvier 2017.

Détenir un carnet de la Patrie permet d’être destinataire d’aides sociales et notamment de recevoir une fois par mois un colis alimentaire à prix préférentiel. Son utilisation lors des élections suscite la polémique.

Présentation

Le carnet de la Patrie est dans un format de carte de crédit. Il est muni d’un code QR et présente d’abord des données de base : nom, prénom, numéro de carte d'identité, lieu de résidence. Mais il recueille aussi des informations plus personnelles. Ainsi il y est précisé l’adhésion à un parti politique ou à des mouvements sociaux. De même il est renseigné si l’individu bénéficie des programmes sociaux mis en place par Hugo Chavez. Pour Nicolás Maduro il s’agit de « combattre la corruption et réorganiser les missions » alors que l’opposition au pouvoir chaviste y voit un nouveau moyen de contrôler le citoyen[1],[2].

Utilisations

Le carnet de la Patrie permet de bénéficier des programmes sociaux octroyés par les autorités. Il doit en principe être donné à tous les Vénézuéliens dans le besoin[3], mais ce document est principalement diffusé dans les quartiers populaires où se situe en principe l’electorat favorable au pouvoir chaviste[2]. Les détenteurs du carnet reçoivent un colis mensuel de produits alimentaires à bas prix[4].

Posséder ce carnet de la Patrie permet ainsi de recevoir :

  • Les produits rationnés comme « le riz, les pâtes, l'huile, le thon en conserve, les lentilles, les haricots, le sucre, le lait, le café et la farine de maïs, directement à des distributeurs publics ». Ces produits sont distribués par le CLAP : Comités locaux d'approvisionnement et de production ;
  • Les médicaments provenant des hôpitaux publics ;
  • Les pensions pour les retraités ;
  • Des logements subventionnés par le pouvoir ;
  • Des emplois dans le secteur public[5] ;
  • L'essence subventionnée depuis la fin de la quasi-gratuité en 2018[6]. Ainsi le carnet permet de mettre en place deux niveaux de prix[7].

C’est le mouvement Somos Venezuela qui gère les aides : « Somos Venezuela prend le relais, va de maison en maison, et gère l’aide du président à son peuple »[8].

Élections municipales de 2017

Lors des élections municipales vénézuéliennes de 2017, des stands installés à proximité des bureaux de vote enregistrent les carnets de la Patrie des électeurs[9].

Élection présidentielle de 2018

Un point rouge à la sortie d’un bureau de vote

Dans le cadre de la campagne de l’élection présidentielle vénézuélienne de 2018, Nicolás Maduro indique : « Les détenteurs du carnet de la patrie qui voteront recevront un bon d’achat de 1,5 million de bolivars ». Pour le président vénézuélien : « Les possesseurs du carnet se doivent d’aller voter, c’est donnant-donnant »[4]. Pour Tibisay Lucena, présidente du Conseil national électoral, il est impossible que des électeurs aient pu être payés lors des élections[10].

Le jour des élections, les électeurs titulaires d’un carnet de la Patrie présentent celui-ci sous des tentes baptisées points rouges et attendent une aide en retour de leurs votes[8]. Selon les équipes de campagne d’Henri Falcón, il y a eu 13 000 points rouges devant les bureaux de vote[11].

Pour Laurence Debray : « Il y a un chantage : les gens vont voter pour avoir de quoi manger ». Le carnet de la Patrie est tamponné à la sortie du bureau de vote puis il est distribué une caisse de nourriture avec des aliments impossibles à trouver normalement[12].


Crise du SARS-CoV-2 de 2020

Alors que la crise mondiale due au coronavirus SARS-CoV-2 arrive au Venezuela, les carnets de la patrie se voient bonifiés exceptionnellement[13],

Références

  1. Julien Gonzalez Venezuela: mise en place du «carnet de la patrie» RFI, 13 février 2017
  2. a et b AFP Présidentielle au Venezuela: les tentes rouges de la discorde Le Point, 21 mai 2018
  3. Au Venezuela, pourquoi ces tentes rouges ont fait polémique lors de l'élection présidentielle HuffingtonPost, 21 mai 2018
  4. a et b Election au Venezuela : Maduro et la pénurie démocratique Libération, 18 mai 2018
  5. (en) Iria Puyosa Culture Shot No. 5: Homeland (Patria) 11 janvier 2018
  6. « Venezuela: l'essence subventionnée pour certains », sur Le Figaro (consulté le )
  7. Les Vénézuéliens sous régime «carnet» Libération, 20 janvier 2019
  8. a et b Au Venezuela, Nicolas Maduro proclamé vainqueur d’une présidentielle contestée Le Monde, 21 mai 2018
  9. Venezuela : déroute annoncée pour l'opposition lors des municipales Le Figaro, 10 décembre 2017
  10. Les Vénézuéliens appelés aux urnes au milieu de la pire crise de leur histoire Sud Ouest, 20 mai 2018
  11. Maduro déclaré vainqueur de la présidentielle
  12. Jade Toussay Au Venezuela, Nicolás Maduro a déjà gagné l'élection, mais ça ne risque pas d'arranger ses affaires (au contraire) HuffingtonPost, 20 mai 2018
  13. (es) El Nacional, « Cómo recibir y cobrar nuevos bonos por el carnet de la patria », sur EL NACIONAL, (consulté le )

À voir

Article connexe

  • Libreta à Cuba

Lien externe

  • Qué es y para que sirve el Carnet de la Patria
  • icône décorative Alimentation et gastronomie
  • icône décorative Portail de l’économie
  • icône décorative Portail du Venezuela