Équation de Gross-Pitaevskii

L’équation de Gross–Pitaevskii est l'équation qui régit l'état et la dynamique d'un gaz de bosons ultra-froids (condensat de Bose-Einstein) sous l'approximation d'Hartree. Sa forme indépendante du temps s'écrit :

( 2 2 m 2 + V e x t ( r ) + N g | Φ ( r ) | 2 ) Φ ( r ) = μ Φ ( r ) {\displaystyle \left(-{\frac {\hbar ^{2}}{2m}}\nabla ^{2}+V_{ext}(\mathbf {r} )+Ng\vert \Phi (\mathbf {r} )\vert ^{2}\right)\Phi (\mathbf {r} )=\mu \Phi (\mathbf {r} )} ,

Φ {\displaystyle \Phi } est la fonction d'onde à une particule, m {\displaystyle m} la masse d'une particule, {\displaystyle \hbar } la constante de Planck réduite, μ {\displaystyle \mu } le potentiel chimique, et g {\displaystyle g} une constante dépendante de la longueur de diffusion du potentiel d'interaction. Elle porte le nom des physiciens Eugene Gross et Lev Pitaevskii (en).

Obtention de l'équation de Gross-Pitaevskii

On considère un gaz dilué de N {\displaystyle N} bosons ultra-froids dans un potentiel de confinement V e x t {\displaystyle V_{ext}} , interagissant entre eux via un potentiel ne dépendant que de la distance entre 2 bosons V i n t ( | r i r j | ) {\displaystyle V_{int}(\vert \mathbf {r} _{i}-\mathbf {r} _{j}\vert )} . Le hamiltonien de ce système est donc :

H = i = 1 N ( p i 2 2 m + V e x t ( r i ) ) + 1 2 i j N V i n t ( | r i r j | ) {\displaystyle H=\sum _{i=1}^{N}\left({{\mathbf {p} _{i}}^{2} \over 2m}+V_{ext}(\mathbf {r} _{i})\right)+{1 \over 2}\sum _{i\neq j}^{N}V_{int}(\vert \mathbf {r} _{i}-\mathbf {r} _{j}\vert )} .

Dans l’approximation de Hartree, la fonction d’onde totale Φ {\displaystyle \Phi } du système est considérée comme étant le produit des fonctions d’onde à une particule Φ {\displaystyle \Phi }  :

Ψ ( r 1 , r 2 , , r N ) = Φ ( r 1 ) Φ ( r 2 ) Φ ( r N ) {\displaystyle \Psi (\mathbf {r} _{1},\mathbf {r} _{2},\dots ,\mathbf {r} _{N})=\Phi (\mathbf {r} _{1})\Phi (\mathbf {r} _{2})\dots \Phi (\mathbf {r} _{N})} .

Une telle forme pour la fonction d'onde totale Φ {\displaystyle \Phi } signifie que les bosons sont tous dans le même état, ce qui est raisonnable à ultra-basse température. De plus, cette fonction d'onde reste inchangée par permutation de 2 particules, ce qui correspond bien à un système bosonique.

Puisque le gaz est dilué, la distance moyenne entre atomes est beaucoup plus grande que la distance caractéristique d’interaction. On considère alors que :

V i n t ( | r i r j | ) g δ ( | r i r j | ) {\displaystyle V_{int}(\vert \mathbf {r} _{i}-\mathbf {r} _{j}\vert )\approx g\delta (\vert \mathbf {r} _{i}-\mathbf {r} _{j}\vert )} ,

δ {\displaystyle \delta } est la fonction de Dirac. La théorie de la diffusion (en) nous donne la valeur de la constante de normalisation g = 4 π 2 a m {\displaystyle g={4\pi \hbar ^{2}a \over m}} a {\displaystyle a} est la longueur de diffusion à énergie nulle de la collision élastique en onde s entre deux bosons, {\displaystyle \hbar } est la constante de Planck réduite et m {\displaystyle m} la masse d'un boson.

On peut montrer[1] que si la fonction d’onde à une particule Φ {\displaystyle \Phi } satisfait l'équation de Gross-Pitaevskii, alors la fonction d’onde totale Ψ {\displaystyle \Psi } minimise l’énergie du hamiltonien H {\displaystyle H} sous la contrainte de normalisation | Ψ | 2 d V = 1 {\displaystyle \int \vert \Psi \vert ^{2}dV=1} .

Remarques sur l'équation de Gross-Pitaevskii

  • Il est remarquable que cette équation corresponde à l'équation de Schrödinger du gaz parfait à laquelle on ajoute un terme non linéaire. L'équation de Gross-Pitaevskii est d'ailleurs souvent appelée équation de Schrödinger non linéaire par les mathématiciens.
  • Le choix de la condition de normalisation est essentiel pour l'obtention de l'équation de Gross-Pitaevskii. Cependant, en changeant cette normalisation, on change l'équation. Elle devient par exemple ( 2 2 m 2 + V e x t ( r ) + g | Φ ( r ) | 2 ) Φ ( r ) = μ Φ ( r ) {\displaystyle \left(-{\frac {\hbar ^{2}}{2m}}\nabla ^{2}+V_{ext}(\mathbf {r} )+g\vert \Phi (\mathbf {r} )\vert ^{2}\right)\Phi (\mathbf {r} )=\mu \Phi (\mathbf {r} )} si on choisit | Φ | 2 d V = N {\displaystyle \int \vert \Phi \vert ^{2}dV=N} . Malgré les apparences, ceci n'est qu'un artifice mathématique, et ne change rien à la physique sous-jacente.

Références

  1. (en) C. J. Pethick et H. Smith, Bose–Einstein Condensation in Dilute Gases, Cambridge, Cambridge University Press, , 402 p. (ISBN 978-0-521-66580-3, lire en ligne)
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